Haute Route à ski 2011 – Jour 4 : Cabane de Valsorey – Cabane des Vignettes

Concentration et patience.

Départ de Valsorey à 6h20 du matin sous la clarté de la pleine lune pour affronter les deux difficultés du jour : la montée du Plateau du Couloir où la chute est fortement déconseillée et la remontée de l’interminable Glacier d’Otemma.

On commence la journée par une petite montée en peaux, pour atteindre le pied du Plateau du Couloir. Ensuite c’est crampons et piolet pour franchir les 500 mètres de dénivelé du couloir. Après ma première ascension de l’année dernière, je dois dire que j’étais bien plus décontracté cette année, tout en sachant qu’il me faudrait rester très attentif durant toute la montée, l’erreur étant quasi interdite.

J’essayais donc de porter toute mon attention sur chaque pas, chaque mouvement. C’est un exercice qui peut paraître facile au premier abord, mais qui devient vite plus compliqué qu’il n’y parait. En effet, pour nous autres adultes qui avons l’habitude de marcher sur nos deux jambes depuis plusieurs décennies, c’est devenu une habitude. On met un pied devant l’autre machinalement et notre cerveau peut ainsi vaquer à d’autres occupations plus ‘enrichissantes’. Lui redemander de se concentrer sur quelques pas, passe encore, mais toujours parvenir à le faire après une bonne centaine, c’est une autre paire de manche. On a vite fait de reprendre nos habitudes et laisser nos pensées partir à l’aventure. C’est alors que le faux pas nous guette.

Finalement c’est un exercice assez stimulant, parvenir à maîtriser ses pensées, pour ne se focaliser que sur ses pas pendant presque une heure.

La méthode fonctionne, puisque l’on parvient au Plateau du Couloir sans encombre. Après une courte descente puis montée, on passe le Col du Sonadon pour atteindre le Glacier du Mont Durand. On descend jusqu’au bas de Chanrion, mais au lieu de remonter à la cabane du même nom, on s’engage dans les gorges d’Otemma pour parvenir jusqu’au pied du Glacier d’Otemma.

Cette fois le défi est inverse. Il ne faut plus se concentrer sur chaque pas, au risque de se démoraliser ou pire de devenir fou à la découverte du nombre de pas qu’il nous faudra réaliser pour remonter ce long glacier au soleil. Au contraire, il faut lâcher la bride à son cerveau et le laisser rêvasser, afin que ces longues heures d’effort monotones passent aussi vite qu’un courant d’air.

Là aussi la méthode a dû fonctionner, car nous sommes parvenu à la cabane des Vignettes avant la fermeture des portes de 17h30…