Terminus Domodossola.

Une Trans-Alpes sans passage de frontière n’est pas vraiment une Trans-Alpes digne de ce nom. Donc cette année pour être fidèle à la tradition, j’ai choisi l’Albrunpass qui relie la Suisse à l’Italie au fond du Binntal. Finalement mon parcours se termine à Domodossola, destination très pratique pour ces nombreuses correspondances ferroviaires avec la Suisse via le tunnel du Simplon.

Ce matin je remonte gentiment le Binntal, en même temps que les premiers rayons du soleil d’automne viennent petit à petit sécher la rosée du matin dans le fond de la vallée. La montée se passe en douceur jusqu’à Chiestafel, à environ 2000 mètre d’altitude. Ensuite c’est séance portage jusqu’au col avec toutefois une ou deux portions roulantes pour la forme.

Mais juste avant d’arriver au col, il y a la Binntalhütte. C’est une cabane un peu perdue au milieu de gros rochers. En la voyant de loin, je me suis dit que le gardien devait être un vieux Haut-Valaisans bourru et que pour obtenir ma dose de Coca-Cola salvatrice, il me faudrait faire profil bas en tant que Welche en terre étrangère. Avant de franchir la porte, je constate qu’en plus je suis le premier visiteur de la journée à venir le déranger. J’entre donc en restant sur mes gardes et lance, en essayant de cacher le plus possible mon accent de Suisse romand, un “Grüsse” pour tâter le terrain. Quel ne fut pas ma surprise d’entendre en retour un “Bonjour” dans un gros accent jurassien… Et fait, la Binntalhütte appartient au CAS de Delémont. Elle est donc tenue actuellement par trois sympathiques Jurassiens pur sucre. Ouf! Finalement pas de difficulté à briser la glace et obtenir ma dose de Coke.

Une fois la cabane passée, le col n’est plus qu’à 30 minutes de marche. Sur le versant italien il faut encore porter un peu à la descente selon son niveau, mais dès Alpe Forno c’est à nouveau 100% roulant avec en prime une magnifique vue sur le Lago di Dévero. A partir de Forcola le parcours emprunte un chemin muletié pavé de pierres avec de nombreux lacets, un passage bien fun.

Et presque le meilleur pour la fin. Après une dernière petite montée avec session de ‘je cherche le sentier qu’on ne voit plus car mal entretenu’, j’atteins Pian di Rio Secco. Depuis là, c’est un superbe sentier forestier qui descend tout gentiment à flan de montagne jusqu’à Cravegna. Avec les couleurs d’automnes et les feuilles mortes c’était du plus bel effet.

Dernière portion sur la route en pente douce ou je laisse rouler jusqu’à Domodossola. La dolce vita…

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